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Cuir et reCuir : une innovation permet de recycler cette matière de manière plus écologique

Du cuir recyclé sans produit chimique non biodégradable et non recyclable ? C’est la promesse de reProLeather, un procédé mis au point par le Hong Kong Research Institute of Textiles and Apparel.

Le 07/11/2023 par Florence Santrot
reproleather
Du cuir régénéré grâce au procédé reProLeather de HKRITA. Crédit : HKRITA.
Du cuir régénéré grâce au procédé reProLeather de HKRITA. Crédit : HKRITA.

Du cuir recyclable, biodégradable et similaire au cuir neuf ? Voilà une nouveauté qui a fait son apparition depuis peu. On doit cette invention au Hong Kong Research Institute of Textiles and Apparel (HKRITA), avec le soutien de la Fondation H&M. La particularité de cette technologie de recyclage, baptisée reProLeather, est qu’elle est bien moins polluante que le cuir reconstitué qui existait jusqu’à présent et était en réalité un mélange de fibres de cuir et de polyuréthane (ou de chlorure de polyvinyle). Deux produits non biodégradables et non recyclables.

Mais, alors que le recyclage conventionnel du cuir implique l’utilisation de matériaux synthétiques à l’impact fort sur la planète, ce projet a imaginé une manière écologique et durable de recycler le cuir. Comment ? En ayant recours à des liants biosourcés respectueux de l’environnement (comme du sucre ou des protéines) en alternative au PU et au PVC. Cela permet de générer une nouvelle peau animale en quelque sorte. En évitant ainsi la production de nouveaux cuirs, cette technologie évite la dispersion dans la nature de résidus chimiques nocifs, comme le chrome VI.

reProLeather : un nouveau cuir plus écologique

recycler et transformer le vieux cuir, HKRITA procède en deux étapes : « Nous commençons par le déchiquetage : d’un produit en cuir post-consommation entier, nous en faisons des petits morceaux jusqu’à l’obtention de fibres de cuir de haute pureté, des fibres de collagène, explique l’institut. Nous en profitons aussi pour éliminer le chrome du cuir en le transformant en un sel soluble ou un composé complexe.« 

Seconde étape : Les fibres de cuir séparées réagissent avec des liants d’origine biologique tels que le sucre ou des protéines. Ainsi, les fibres de collagène s’interconnectent et forment un nouveau cuir. Le cuir régénéré obtenu grâce à cette nouvelle approche biosourcée est résistant à l’eau et biodégradable, créant ainsi un cercle plus vertueux pour le recyclage du cuir.

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Tout savoir sur le cuir, une filière qui découle de l’industrie alimentaire

Si la Chine est encore le premier exportateur mondial de la filière cuir (36% des exportations mondiales en 2018), l’Europe dans son ensemble pèse pour un tiers des exportations. L’Italie (12 % du total) et la France (4 %) sont respectivement 2ème et 4ème exportateurs mondiaux. 75 % des peaux françaises et 40 % des produits finis (chaussures, sacs, vêtements…) sont exportés. La France exporte 10 % des articles de maroquinerie dans le monde, notamment portée par les marques de luxe. Quant aux États-Unis, s’ils exportent assez peu de produits finis, leur important cheptel en fait un important exportateur de matières premières (les peaux).

Le cuir est avant tout un sous-produit de l’industrie alimentaire. Au niveau mondial, cela permet d’éviter la mise en décharge d’environ 10 millions de tonnes de déchets chaque année. Pour la France uniquement, on estime que la filière permet une valorisation de 175 000 tonnes de déchets par an. En effet, il n’y a pas de production animale uniquement pour le cuir, le lait et la viande sont la priorité.

Tant que la production animale, notamment bovine, reste importante sur la planète, l’utilisation des peaux pour la fabrication d’accessoires de maroquinerie, de chaussures et autres pièces de mode est une option valable. Et ce, même si le cuir vegan est généralement bien moins émetteur de gaz à effet de serre que le cuir (surtout si on prend en compte une partie de l’élevage bovin dans l’évaluation). Reste la problématique des traitements chimiques pour la transformation des peaux. Le tannage végétal reste encore bien trop peu développé. Et c’est un vrai problème.

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