Jacques Chiron, l’homme qui veut dépasser le géant du lait

Il y a une bouteille de lait bio dans votre frigo ? Si oui, une chance sur trois pour qu’elle ait été produite par la coopérative de Jacques Chiron. Il est l’un de ces six producteurs laitiers qui, il y a plus de vingt ans, ont décidé par conviction de passer à l’agriculture bio. Trente vaches ruminent aujourd’hui sur ses terres, une trentaine d’hectares à Vay, en Loire-Atlantique.

Dans les années 1990, le lait bio n’existe pas : pas de marché, pas d’entreprise. Alors, avec cinq autres producteurs de lait, Jacques Chiron se prend à rêver. « Nous voulions créer notre propre filière, sans reproduire les dérives du conventionnel, avec nos valeurs : autonomie, solidarité et consensus. Notre objectif est simple : que le bio supplante l’agriculture conventionnelle, qu’il devienne la règle », raconte-t-il, avant d’ajouter : « Rien que ça ! »

Un autre producteur du secteur, Gérard Thoméré, renchérit : « Bientôt, on sera plus gros que Lactalis ».

Un nain qui ne cesse de grandir

Lactalis, c’est le numéro un ­mondial, avec cinq milliards de litres de lait, conventionnel et bio, collectés par an en France, soit 20 % du marché.

Un mastodonte implanté à Laval, en Mayenne, à qui les producteurs ont arraché, en août, une hausse du prix à 290 euros la tonne. Une victoire qui atténue leur déficit mais qui ne suffit pas à leur assurer un revenu décent.

Biolait, fondé par Jacques Chiron et ses collègues, est un nain du haut de ses 135 millions de litres de lait bio collectés, soit 35 % du lait bio français, le tout pour un prix avoisinant les 450 euros la tonne. Mais un nain qui ne cesse de grandir, passant de six producteurs à plus de 2 000, et 54 salariés. Et bientôt, 400 autres producteurs viendront les rejoindre.

Pression démesurée

Pour hisser Biolait au rang d’acteur incontournable du marché du lait bio, le voir référencé dans les magasins Biocoop et Système U, il a fallu de la détermination.

« Les laiteries ont mis une pression démesurée sur nos interlocuteurs pour nous empêcher d’exister. Au lieu de nous décourager, cette attitude nous a convaincus de la pertinence de notre projet. C’était bien la preuve qu’on avait raison, ça nous a renforcés. » Lire la suite de l’article dans We Demain numéro 16.

Julie Lallouët-Geffroy.

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