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Pollution plastique des océans : 4 fake news à faire couler

Plastic Odyssey s’apprête à quitter Dunkerque pour un tour du monde contre la pollution plastique. Pendant des mois, ce navire laboratoire va rassembler, développer et diffuser des solutions contre ces déchets. Une aventure dont WE DEMAIN est partenaire.

Avant le départ, et à l’occasion de la journée mondiale des Océans, le Président de Plastic Odyssey Simon Bernard coule quatre fake news “qui nous mènent en bateau” sur la pollution plastique. Autant d’idées reçues qui freinent la protection des océans, à combattre donc activement.

1. ON PEUT NETTOYER L’OCÉAN EN COLLECTANT LES DÉCHETS QUI FLOTTENT : FAUX

La réalité : il y a beaucoup de plastique dans l’océan, mais très peu en surface.

Depuis les années 1950, date d’apparition des premiers déchets plastiques, 198 millions de tonnes de plastique ont été déversées dans l’océan. Mais la quantité totale de plastique à la surface est estimée à 1,13 millions de tonnes. Soit moins de 0,6 %…. Une goutte d’eau dans l’océan!

Où est donc cette pollution ? Une des hypothèses est que la plus grande partie s’est ré-échouée sur les côtes, le reste s’étant transformé en microparticules. Des scientifiques privilégient une autre piste : le plastique “manquant” aurait majoritairement coulé au fond de l’eau.

Pourquoi la collecte en mer pose-t-elle problème ? Les initiatives pour tenter de collecter les quelques débris encore assez gros pour être récupérés à la surface sont louables mais leur impact reste anecdotique, souligne Plastic Odyssey. De plus, en essayant de capturer le peu de plastique qui flotte, on ramasse forcément la vie qu’il y a autour… (plancton, micro-organisme etc)…

2. IL EXISTE UNE ÎLE DE DÉCHETS APPELÉE 7ème CONTINENT : FAUX

La réalité : le “7ème continent” contient des quantités très faibles de plastique par rapport à ce qu’il y a dans l’Océan.

Le 7ème continent désigne une immense zone où l’on compte plus de microparticules qu’ailleurs : 94 % des débris décomptés. Mais cette soupe de microplastique n’est pas visible. Il n’existe donc pas d’île de déchets dans le Pacifique.

Qu’en est-il des images choc de marées d’ordures de plastique que l’on voit dans les médias ? Il s’agit en réalité de photos prises proche des côtes terrestres, ou bien dans la mer des Sargasses qui voit parfois des phénomènes d’accumulation d’algues stockant des morceaux de plastique. Ces photos permettent d’éveiller les consciences face au problème de pollution. Mais elles ne reflètent pas la réalité.

Pourquoi cette idée pose-t-elle problème ? Lorsque l’on visualise une île de déchet, on imagine que le plastique attend sagement que l’on vienne le collecter. Or, le plastique est dissipé partout. Il faut donc agir en amont, à terre avant que le plastique ne se retrouve en mer.

À LIRE AUSSI : Microplastiques : nous ingérons l’équivalent de 10 briques Lego par mois

90 % DE LA POLLUTION PLASTIQUE PROVIENT DE 10 RIVIÈRES : FAUX

La réalité : environ 1% de la pollution provient de 10 rivières.

Une étude publiée en 2017 a été mal interprétée. En réalité, le chiffre ne concernait que la pollution provenant des rivières. Et cela change tout, puisqu’elle ne représente “que” 1 million de tonnes de déchets par an soit moins de 7 % de la pollution annuelle de l’Océan. De plus, la dernière étude sur le sujet ne parle plus de 10 mais plutôt 1 000 fleuves. Conclusion, les 10 plus grands fleuves du monde représentent environ 1 % de la pollution plastique annuelle.

En quoi ce chiffre mal interprété pose-t-il problème ? Si la majorité de la pollution plastique provenait de seulement 10 rivières dans le monde, il suffirait de trouver une manière de filtrer 10 endroits du monde. Malheureusement, le problème est bien plus éparse, et la lutte doit être activée partout sur la planète.

LA MAJORITÉ DE LA POLLUTION PLASTIQUE PROVIENT DE LA PÊCHE : FAUX

La réalité : 8 % de la pollution annuelle vient de la pêche.

Dans le documentaire Seaspiracy, publié par Netflix, le réalisateur met en avant des chiffres qui portent à confusion : “46 % du plastique retrouvé dans le gyre du pacifique est constitué de filets de pêche.” Ce chiffre provient d’une étude scientifique de The Ocean Cleanup, qui précise que la masse des filets de pêche retrouvés dans le gyre est estimée à 36k tonnes. Ramené à la pollution globale, cela représente moins de 0,02 % de la pollution.

Comme expliqué plus haut, ce qui flotte à la surface n’est pas représentatif de la pollution de l’océan. On ne peut donc évidemment pas en conclure que cet échantillon soit représentatif de la pollution plastique globale.

Quelle est donc la part du secteur maritime dans cette pollution plastique ? Peu d’études scientifiques existent à ce jour. Un rapport d’Eunomia évoque 1,75 million de tonnes provenant de sources maritimes, dont 1,14 million de tonnes de la pêche. Le secteur serait donc responsable de moins de 8 % des émissions de plastique annuelles dans l’Océan

Pourquoi cette idée pose-t-elle problème ? La pêche industrielle cause bien des torts à l’environnement, mais contrairement à ce que laisse entendre le documentaire Seaspiracy, arrêter la pêche ne suffira pas à stopper la pollution plastique.

Pour en savoir plus, retrouvez ici l’intégralité du dossier de Plastic Odyssey sur les fake news liées à la pollution plastique.

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