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Reconditionnement : la DGCCRF épingle les 2/3 des magasins et sites spécialisés

Selon une enquête, 62 % des enseignes du reconditionnement peinent à justifier tests et interventions. Et l’information donnée aux consommateurs est souvent insuffisante, voire trompeuse.

Le 07/03/2022 par Florence Santrot
Réparation d'un smartphone
Le reconditionné a le vent en poupe mais bon nombre de réparateurs et revendeurs ne sont pas à la hauteur, déplore la DGCCRF.
Le reconditionné a le vent en poupe mais bon nombre de réparateurs et revendeurs ne sont pas à la hauteur, déplore la DGCCRF.

Les motivations peuvent être écologiques comme économiques. Depuis quelques années, le marché du reconditionné a le vent en poupe, notamment sur le secteur de la tech. Smartphone, ordinateur, tablettes, écrans, claviers, écouteurs, montres connectées… l’offre est sans cesse plus grande. Les prix sont relativement attractifs, surtout qu’ils s’accompagnent d’une promesse des reconditionneurs : tester l’état du matériel et le réparer le cas échéant. Mais une enquête de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) met à mal cette belle image du reconditionnement.

La Répression des Fraudes s’est penché sur le secteur en 2020 et 2021. Elle a enquêté auprès de 84 magasins et sites de ventes en ligne, dont le leader de l’électronique reconditionné en France BackMarket. Résultat : pas moins de 53 revendeurs ont été épinglés. 62 % présentent donc des insuffisances. 27 d’entre eux font l’objet d’une injonction administrative. Et 26 enseignes ont reçu un avertissement en raison d’erreurs dans les informations données aux consommateurs. L’utilisation du terme « reconditionné » désigne « des appareils dont l’état et le fonctionnement ont été vérifiés et qui, le cas échéant, ont fait l’objet d’une intervention technique destinée à le remettre en état », rappelle dans un communiqué la DGCCRF.

Reconditionnement : une réglementation nécessaire

La Répression des fraudes pointe du doigt une insuffisance de justification des vérifications et tests réalisés. Or, c’est exactement cela qui fait la différence entre un produit reconditionné et un bien d’occasion lambda. Elle souligne également bien souvent un manque d’information « pré-contractuelle sur l’état des produits électroniques grand public et de communication reconditionnés ». Mais la DGCCRF, comme à son habitude, n’a pas donné les noms des revendeurs peu scrupuleux. Pas plus que ceux qui font les efforts nécessaires. C’est le cas, par exemple, du revendeur YesYes, qui vient d’ouvrir à Caen sa première « boutique-atelier ». Elle permet au grand public de voir les smartphones être testés et réparés avant d’être remis en vente.

L’enquête menée ces deux dernières années intervient alors que le secteur est en plein essor. 34 % des Français disent avoir déjà acheté un mobile d’occasion, selon une étude Kantar pour Recommerce. Quelque 2,8 millions de smartphones reconditionnés se sont vendus en 2020. C’est environ 13 % du total de mobiles vendus sur l’année. Et la progression est forte : de l’ordre de 20 à 25 % par an. Il est donc urgent de bien encadrer ce secteur. La DGCCRF rappelle que « le cadre réglementaire existant a été renforcé récemment dans ce domaine afin de préciser les conditions d’utilisation des termes ‘reconditionné’ ou ‘produit reconditionneé' ». Mais une réglementation plus adaptée encore devrait découler de cette enquête.

Une insuffisance d’information auprès des acheteurs

La Répression des fraudes épingle aussi les deux-tiers des revendeurs de produits reconditionnés pour « insuffisance d’information précontractuelle sur l’état des produits électroniques ». Les termes « très bon état », « premium », « bon état » ou encore « parfait état » sont trop flous. Ils ne permettent pas d’avoir une idée précise de la qualité du produit et du reconditionnement.

La Répression des fraudes insiste sur la nécessité d’établir des critères bien précis pour permettre au consommateur d’acheter en toute connaissance de cause. Avec ces éléments, ce dernier doit pouvoir « connaître le degré éventuel de perte de la qualité d’usage des équipements » et de « comparer les produits entre eux ou de comparer une produit reconditionné à un produit neuf ».

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