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Au nord-ouest de Paris, un million d’arbres pour dépolluer la capitale

Dans le Val d’Oise, la forêt de Maubuisson est en train de pousser sur la plaine de Pierrelaye-Bessancourt, entre les rives de la Seine et de l’Oise. Avec l’ambition de devenir le poumon vert du Grand Paris avec 1 million d’arbres.

Le 03/06/2025 par Arnaud Pagès
Vue aérienne de la forêt de Maubuisson
Vue aérienne du site où va pousser la forêt de Maubuisson. Crédit : SMAPP.
Vue aérienne du site où va pousser la forêt de Maubuisson. Crédit : SMAPP.

En France, c’est le plus ambitieux projet de reforestation mené depuis des siècles. Encore en gestation, la forêt de Maubuisson, qui s’étend sur sept communes entre les bassins urbains de Cergy-Pontoise et de Val Parisis, devrait bientôt jouer un rôle majeur dans la dépollution de l’air respiré par les franciliens. Les premières plantations ont commencé en 2019 et, d’ici 2029, dans quatre ans, ce sont plus d’un million d’arbres qui auront pris racine sur une ancienne plaine agricole, qui fut, au XIXème siècle, le déversoir des eaux usées de Paris.

Pensé pour être un levier de résilience climatique, le projet, porté le SMAPP (Syndicat mixte d’aménagement de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt), prévoit la création d’un vaste massif forestier de 1 340 hectares, qui alternera espaces boisés et prairies verdoyantes.

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Plus d’un million d’arbres pour créer un puits de carbone XXL

Trente espèces d’arbres, dont des cormiers, des érables planes, des bouleaux, des tilleuls, des charmes, des aulnes de Corse, des hêtres de Turquie ou encore des chênes rouges d’Amérique, ont été minutieusement sélectionnées par l’ONF (Office National des Forêts), l’autorité scientifique et technique en charge de la reforestation, pour leur capacité à résister au changement climatique. Cette forêt mosaïque – 30 essences forestières et 18 essences arbustives – sera en mesure de s’adapter à des températures qui deviendront progressivement plus chaudes et à des étés qui seront inévitablement plus secs.

arbres de la forêt de maubuisson
Chaque année, ce sont 100 000 arbres qui sont plantés dans la forêt de Maubuisson en devenir. Crédit : SMAPP

Dans le détail, 960 hectares de boisements, 280 hectares de clairières et 90 kilomètres de chemins formeront un site forestier unique en son genre. Grâce à la photosynthèse, ce puits de carbone XXL situé aux abords immédiats de la capitale, capturera et stockera massivement le CO2 présent dans l’atmosphère, au rythme de 4,9 tonnes par hectare et par an, ce qui contribuera à réguler le climat et à assainir l’air à l’échelle régionale. Ce n’est cependant pas le seul bénéfice de cette opération hors norme.

Un sanctuaire pour la biodiversité

Les sols de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt, désormais baptisée forêt de Maubuisson en hommage à l’abbaye cistercienne du même nom fondée in situ en 1234 par Blanche de Castille, ont été pollués par un siècle d’épandage des eaux usées de la capitale, chargées en métaux lourds, notamment en cadmium, en chrome, en cuivre, et en plomb… Au fil du temps, les occupations illégales et les dépôts sauvages ont aggravé la situation.

Parmi les essences choisies par l’ONF, certaines, et notamment le chêne, vont absorber ces métaux lourds via leurs racines et les stocker dans leurs troncs et leurs feuilles afin qu’ils ne puissent plus contaminer les nappes phréatiques et les terres saines en migrant. En fixant ces éléments, les arbres vont considérablement réduire leur toxicité résiduelle et par ricochet l’impact qu’ils peuvent avoir sur la biodiversité. Au-delà de la dépollution des sols, le projet de la forêt de Maubuisson s’inscrit également dans une démarche plus large de préservation et de restauration des écosystèmes locaux.

Relier les forêts, restaurer les continuités écologiques

Par ailleurs, l’aménagement forestier a également pour objectif de restaurer plusieurs corridors écologiques. Ce massif doit notamment permettre de relier les forêts de Saint-Germain-en-Laye et de Montmorency. Elle devrait aussi favoriser le développement des espèces animales présentes sur le site, dont certaines sont protégées, parmi lesquelles les populations de reptiles et d’insectes.

L’aménagement forestier est actuellement opéré au rythme des acquisitions foncières réalisées par le SMAPP. Ce sont 6 000 parcelles privées qui sont concernées. Pour donner vie à ce projet colossal, un budget de 85 millions d’euros a été voté.

forêt de Maubuisson
La forêt de Maubuisson encore en gestation. Crédit : SMAPP

Un espace de loisirs ouvert à tous

Au rythme de 100 000 arbres plantés tous les ans, la création des boisements a été étalée sur une décennie, mais le massif n’atteindra sa maturité qu’entre 30 et 50 ans, certaines essences nécessitant davantage de temps pour se développer. En attendant que la nature fasse son œuvre, des animations et des ateliers permettront aux visiteurs et aux riverains de découvrir et de s’approprier ce nouveau site.  

La forêt de Maubuisson a été pensée pour être un lieu accueillant, dédié à la détente, à la promenade, au sport et à la découverte de la nature. Inscrite dans la trame verte et bleue régionale, elle bénéficie d’une reconnaissance en tant que zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) sur plusieurs de ses secteurs. Cette distinction renforce sa protection et garantit sa vocation environnementale sur le long terme.

Grâce à ce dispositif complet, ce nouveau maillon clé de la ceinture verte régionale en devenir devrait bénéficier à tous les franciliens. Et servir de laboratoire à ciel ouvert de la protection du vivant et de l’adaptation à la crise environnementale. Un projet qui pourrait inspirer d’autres initiatives de reforestation urbaine à travers l’Europe.

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