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Fairbnb, une riposte éthique à Airbnb, va reverser 50 % de ses bénéfices au voisinage

Le 17/01/2019 par Alice Pouyat

C’était un rêve californien, celui d’une économie plus collaborative permettant d’organiser un voyage en deux clics, tout en favorisant les rencontres autour du monde.

Créé par deux étudiants de San Francisco, Airbnb est aujourd’hui valorisé à plus de 30 milliards de dollars. Mais le rêve américain s’est un peu terni.

« On s’est rendu compte que ce genre de plateformes dites ‘extractives’ nées aux Etats-Unis n’avaient pas d’impact positif sur les destinations touristiques et leurs habitants, au contraire. L’essor d’Airbnb a participé à la hausse des prix de l’immobilier et donc à la gentrification des centre-villes », souligne Carlo Pesso, membre de Fairbnb.

Cette nouvelle plateforme coopérative se veut une riposte éthique (fair en anglais) à Airbnb. « L’idée a surgi simultanément dans plusieurs grandes villes, chez des urbanistes, des chercheurs, des développeurs, qui ont décidé d’unir leurs forces dans cette coopérative », poursuit Carlo Pesso.
 
Une version test de Fairbnb doit être lancée au printemps 2019,  avant l’ouverture au public d’ici la fin de l’année, espèrent-ils. L’expérience sera d’abord menée dans cinq villes européennes : Amsterdam, Barcelone, Bologne, Valence et Venise, avant une possible extension.
 

Objectif : « Créer une plateforme plus coopérative qui participe au développement durable de la ville ».

50% des bénéfices touristiques reversés à la collectivité

Plus facile à dire qu’à faire, reconnaît Carlo Pesso. Le fonctionnement précis de Fairbnb est encore en discussion mais quelques grands principes sont déjà fixés.
 
La plateforme, dont le siège est à Bologne, terre historique de coopératives, sera détenue et cogérée par ses membres. Elle promet d’être transparente sur ses revenus, de travailler en collaboration avec les autorités pour éviter la fraude fiscale et de limiter la location à un ou deux biens par personne.

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Plus ambitieux encore :  la coopérative souhaite réinvestir 50% de ses bénéfices (issus des commissions de la plateforme) dans des projets locaux. Habitants, voyageurs et municipalités pourraient être invités à voter pour les initiatives à soutenir : centres culturels, cours du soir, jardins en permaculture…
 

« L’idée est également de fédérer sur notre plateforme des initiatives locales déjà existantes qui promeuvent le tourisme durable », explique Carlo Pesso.

 
En France, il cite Les Oiseaux de passage, une coopérative pionnière qui privilégie les liens entre les touristes et les locaux dont le lancement est aussi prévu en 2019.

Malaise croissant face au tourisme de masse

Déjà 350 personnes participent au développement de Fairbnb, qui aimerait s’exporter partout dans le monde. D’où cet appel sur le site :
 

« Nous invitons tous les voyageurs et les citoyens concernés par les effets négatifs du tourisme sans contrôle à nous rejoindre en co-créant une plate-forme communautaire ».

 
Un pré-formulaire est en ligne pour les voyageurs ou hôtes motivés. Côté financement, un crowdfunding doit être lancé et les investisseurs sont les bienvenus.
 
Fairbnb pourra-t-il concurrencer le mastodonte Airbnb ? Difficile bien sûr, mais cette démarche témoigne en tous cas du malaise croissant suscité par le tourisme de masse  et les dérives de l’économie collaborative.

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