Inventer  > Créer une basket à partir d’émissions carbone ? C’est l’innovation du suisse « On »

Written by 22 h 06 min Inventer, Tech-Sciences

Créer une basket à partir d’émissions carbone ? C’est l’innovation du suisse « On »

Dans le cadre de son projet CleanCloud, On est parvenu à créer une semelle de chaussures de running en utilisant les émissions carbone comme matière première.

Le 15/09/2022 par Florence Santrot
cloudprime
La Cloudprime est une chaussure dont la semelle en EVA est fabriquée à partir d'émissions de carbone. Crédit : On.
La Cloudprime est une chaussure dont la semelle en EVA est fabriquée à partir d'émissions de carbone. Crédit : On.

Transformer de l’air en mousse pour donner vie à une semelle de chaussures de running ? Tel est le tour de force qu’est parvenu à réaliser le suisse « On ». Cette basket, la Cloudprime, est fabriquée à partir d’EVA (éthylène-acétate de vinyle) d’un nouveau genre. Il s’agit d’un matériau en mousse nommé CleanCloud. Celui-ci utilise des émissions carbone contenues dans l’atmosphère comme matière première. Bref, ces baskets ne manquent pas d’air.

Plutôt que de considérer les émissions carbone des activités humaines comme des déchets inutiles, On a décidé de les considérer comme des ressources. Pour parvenir à ce tour de force qu’est la démarche CleanCloud, le fabricant suisse de produits de sport s’est associé à trois sociétés innovantes qui évoluent dans le domaine de la biochimie, des procédés et des matériaux. « Tenir dans mes mains la toute première chaussure fabriquée à partir d’émissions de carbone est une étape cruciale – non seulement pour On, mais aussi pour toute l’industrie du sport », explique Caspar Coppetti, cofondateur et coprésident exécutif de On.

Un procédé qui utilise le CO2 comme matière première

Il a fallu pas moins de quatre années pour donner vie au projet CleanCloud. Première étape : capturer le carbone et le transformer. Pour cela, LanzaTech a développé une technologie pour capturer le carbone émis par des usines pour le transformer en un éthanol breveté, le CarbonSmart. Concrètement, LanzaTech récupère le CO2 produit par une aciérie avant qu’une fermentation gazeuse ne soit réalisée.

Pour cela, le dioxyde de carbone est recueilli par un procédé d’électrolyse, purifié et enfin transformé en éthanol par fermentation à l’aide de… bactéries intestinales de lapin. Ces bactéries « digèrent » en quelque sorte le dioxyde de carbone, un peu à la manière dont se déroule la fermentation dans la fabrication de la bière.

2 tonnes d’émissions carbone pour fabriquer 1 tonne d’éthanol CarbonSmart

La fabrication d’une tonne d’éthanol CarbonSmart nécessite l’utilisation de 2 tonnes de CO2. C’est autant d’émissions carbone en moins dans l’atmosphère. Depuis 2021, la firme a retiré quelque 150 000 tonnes de CO2 de l’atmosphère et a pour objectif de fabriquer quelque 500 millions de tonnes d’éthanol CarbonSmart d’ici 2023.

« Le carbone recyclé est une ressource et non un passif. Au fur et à mesure que nous convertissons de plus en plus la pollution en produits que nous utilisons dans notre vie quotidienne, nous réduirons la nécessité d’extraire davantage de carbone du sol », se réjouit Jennifer Holmgren, PDG de LanzaTech.

Des émissions carbone qui deviennent de la mousse

Technip Energies entre ensuite en action. Celle-ci se charge du processus de déshydratation de l’éthanol en bioéthylène. L’éthylène, un hydrocarbure insaturé, est un monomère et constitue le principal élément des plastiques. Enfin, Borealis – société très engagée dans l’économie circulaire – a pour spécialité de transformer ce monomère de petits granules de plastique solides.

Détail de la Cloudprime, la future basket de On réalisée avec de la mousse EVA CleanCloud. Crédit : On.
Détail de la Cloudprime, la future basket de On réalisée avec de la mousse EVA CleanCloud. Crédit : On.

Des granules qui serviront à On de base pour fabriquer de la mousse EVA haute performance. Cette dernière sera intégrée dans la chaussure de running Cloudprime. Une basket dont les performances et la durabilité rivalisent avec une chaussure dotée d’une mousse EVA créée à partir de ressources fossiles.

Cloudprime, une chaussure verte de bout en bout

En complément de cette mousse EVA révolutionnaire, On collabore avec la start-up circulaire Novoloop sur la semelle extérieure. Une semelle constituée du premier TPU (Polyuréthane Thermoplastique) chimiquement upcyclé au monde. Un TPU issu de déchets plastiques post-consommation.

Enfin, concernant la tige, On a signé un partenariat avec la jeune start-up française Fairbrics. Celle-ci va créer un textile à base de polyester fabriqué également à partir d’émissions carbone.

On a annoncé l'arrivée prochaine de la Cloudprime mais sans révéler ni son prix ni sa date de commercialisation. Mais elle devrait être lancée courant 2023. Crédit : On.
On a annoncé l’arrivée prochaine de la Cloudprime mais sans révéler ni son prix ni sa date de commercialisation. Mais elle devrait être lancée courant 2023. Crédit : On.

A lire aussi :