Comme il y a des climatosceptiques, il y a des bio-sceptiques, même des trolls du “bio-bashing” : “le bio n’est pas plus nutritif que le non-bio”, “le bio ne peut pas échapper aux pollutions de l’air et de l’eau », « les labels ne sont pas assez fiables”. Conclusion : “Ne dépensez pas votre argent pour rien, le bio n’a rien de meilleur pour la santé.”
Pendant ce temps, 87 % des Français considèrent que l’agriculture bio contribue à protéger l’environnement, 82 % qu’elle est meilleure pour la santé et 9 Français sur 10 consomment déjà des aliments bio. Qui a raison ? Il est certain qu’on ne peut pas échapper à 100 % aux polluants, qui transitent via l’air et l’eau, en particulier par les exploitations conventionnelles voisines des cultures bio. Mais les études menées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) observent que 85,8 % des aliments bio analysés ne contiennent aucun pesticide quantifiable.
Pour répondre au bio-bashing, il convient aussi de faire un tour d’horizon des dernières études consacrées aux impacts des pesticides sur notre santé.
Retrouvez la chronique du nutrithérapeute Jean-Paul Curtay dans chaque numéro de WE DEMAIN.
Ces études disent d’abord qu’ils peuvent être neurotoxiques. Les pesticides sont reconnus comme source de maladie de Parkinson, donc maladie professionnelle chez les viticulteurs et agriculteurs. Mais une étude montre que les riverains des cultures conventionnelles subissent aussi une fréquence supérieure de 10 % des maladies de Parkinson, par rapport aux non-riverains. Le plus connu, le glyphosate, est cause de lymphomes non hodgkiniens. 65 % des études le considèrent toxique sur les gènes. Et les agences de santé n’ont encore intégré que 15 % de ces études utilisant encore à 75 % celles de l’industrie…
De nombreux de pesticides sont perturbateurs endocriniens et facteurs de surpoids, de diabète, de risques cardiovasculaires, d’infertilité, de cancers hormono-dépendants ; le cas le plus spectaculaire étant l’explosion des cancers de la prostate aux Antilles. Après la persistance scandaleuse de l’utilisation du chlordécone. Également préoccupante, l’augmentation des leucémies chez les enfants,;mise en lumière par la dernière expertise de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale); (“Pesticides et effets sur la santé : nouvelles données”, 2021). De même qu’une fréquence triple de tumeurs cérébrales, les gliomes, chez les agriculteurs.
La neurotoxicité et les effets perturbateurs endocriniens des pesticides contribuent aussi à une baisse mondiale du quotient intellectuel (QI) des enfants. La seule famille liée au chropyrifos (encore autorisé en France sur les épinards) a été reconnue comme ayant fait chuter le QI des petits Européens de 2,5 points. Chez les adultes aussi, ils sont facteurs de troubles du fonctionnement intellectuel. En prime, les pesticides dépriment les défenses anti-infectieuses, ce qui n’est pas vraiment le moment, en cette période de pandémie. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Inversement, il est avéré que le bio maintient en meilleure santé. La grande étude Nutrinet Santé, menée sur 68 946 Français mangeant régulièrement bio (difficile encore de trouver assez de personnes converties au 100 % bio), montre que ces derniers bénéficient d’une réduction moyenne de 25 % de tout cancer, de 34 % des cancers du sein et de 76 % des lymphomes.
En juin 2021, le Barcelona Institute for Global Health a publié les résultats des tests de développement cérébral effectués chez 1 298 enfants de six pays européens. Conclusion ? Le régime bio est associé à un meilleur développement cérébral. Il y a donc bien des avantages réels pour la santé. Sans parler des avantages sur l’environnement : la qualité de l’air que nous respirons – dans lequel l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) détecte 32 polluants cancérigènes, dont 9 interdits – et la qualité de l’eau.
Qui dit bio ne dit pas forcément santé. Les boutiques bio vendent des produits trop sucrés; trop salés; ultratransformés; des ingrédients inflammatoires comme les oméga-6; qui, bio ou non, ne sont pas recommandables. Il reste important, une fois pris en compte les multiples avantages du bio, de l’associer au saisonnier, au local et au vrac. La formule gagnante pour répondre aux trolls du bio-bashing.
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