Partager la publication "« Il faut donner des droits à la nature pour assurer une habitabilité terrestre »"
Faut-il donner des droits à la nature pour mieux la préserver ? Cela s’est déjà fait dans plusieurs pays. Pour en faire bénéficier la Loire, l’écrivain Camille de Toledo a lancé un “parlement”. Une expérience menée avec le pôle Arts & Urbanisme de Tours et de nombreux experts. Leurs échanges sont retracés par l’écrivain dans un récent ouvrage Le Fleuve qui voulait écrire, les auditions du parlement de Loire (Éditions les Liens qui libèrent et Manuella Éditions), et dans le dernier numéro de WE DEMAIN.
C’est pour parler de cette expérience que l’écrivain était invité sur le plateau du 23 h de FranceInfo mercredi 22 septembre. En compagnie de la journaliste de WE DEMAIN Emmanuelle Vibert.
« C’est un livre-assemblée dans lequel on a mis les auditions menées avec des philosophes, des anthropologues, des juristes, des biologistes, etc. Une commission a été réunie, dans l’idée des grands mouvements constituants […]. Un peu comme lors de la Révolution française. On s’inspire d’un certain nombre de lois qui, dans le monde, en Nouvelle-Zélande ou en Colombie, ont donné une personnalité légale à des écosystèmes », explique Camille de Toledo.
Retrouvez aussi l’interview de Camille de Toledo dans WE DEMAIN n° 35.
Des droits à la nature pour se relier au monde
Concrètement, que permettrait ce statut juridique ? « Désormais, on a besoin de se ré-attacher, de se relier autrement au monde. Notamment pour assurer une sorte d’habitabilité terrestre aux générations futures.«
« Il faut sans doute repenser entièrement nos balances institutionnelles et nos économies politiques. De façon que le tiers-acteur qu’a longtemps été la nature, traité comme une chose, une ressource, accède à un statut autre. Un statut qui lui permette de se rapporter à nous. D’instituer sa parole », poursuit Camille de Toledo. « Jusque-là on a négligé cette nature, vu comme un décor, un ‘envir-ornement’. »
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Un moment pionnier
Une démarche que la journaliste de WE DEMAIN Emmanuelle Vibert qualifie de « moment pionnier ». « Des précurseurs disent que les rivières peuvent devenir des sujets de droit et non des objets […]. Comme les femmes, les esclaves, ou les entreprises par le passé ».
Que deviendra ce mouvement ? Difficile de le savoir selon Emmanuelle Vibert, mais « il est en train de prendre une ampleur internationale et arrive en France. Des collectifs sont en train de se créer partout dans le pays pour protéger le Tavignano en Corse, le Rhône ou encore la Seine. Et dire ainsi que le droit n’est pas un instrument figé, on peut le transformer et faire en sorte qu’il traduise nos préoccupations », souligne-t-elle.
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