En 2021, peu après le second confinement, l’agglomération de Vienne Condrieu rendait publique une enquête sanitaire exhaustive, réalisée auprès de chaque administré, dont les résultats avaient de quoi inquiéter. En effet, la plupart des 93 000 habitants présentaient un taux d’obésité supérieur à la moyenne régionale et un niveau de diabète en forte hausse, deux pathologies qui sont le fruit d’une sédentarité massive et prolongée.
Pour les élus, ce bilan de santé communal a été un véritable électrochoc. Suite aux travaux d’une commission transpartisane, le dispositif de sport sur ordonnance Vienne en forme voyait le jour fin mars 2023.
Le sport comme réponse à une pathologie
Pour une participation modique de 8 euros par mois, ce programme de santé, qui combine expertise médicale et pratique sportive adaptée, propose un accompagnement sur-mesure qui vise à remettre en forme les personnes souffrant d’obésité ou de diabète de type 2. Dans un premier temps, le bénéficiaire prend rendez-vous avec son médecin, que ce soit un généraliste ou un spécialiste, pour que celui-ci lui prescrive, sur la base d’un diagnostic médical, la pratique d’une activité physique en rapport avec son état.
Dans un second temps, il est dirigé vers un EAPA (Enseignant en activité physique adaptée), un spécialiste de la santé et du sport recruté par la ville, qui va réaliser un bilan complet : forme physique, limitations motrices et musculaires, motivation psychologique, antécédents et risques médicaux.
Après évaluation des attentes, des besoins et des capacités du bénéficiaire, l’EAPA met au point un parcours individualisé de remise en forme, sur la base de deux séances de sport d’une heure par semaine pendant six mois minimum. La pratique peut être collective ou individuelle. Ce peut-être du basket, de la gymnastique douce, du volley, du yoga, du stretching, du badminton, de la natation, du handball et même de la boxe. Le parcours, qui est encadré de bout en bout par l’EAPA et qui fait l’objet de bilans réguliers, est ensuite recalibré tous les trois mois en fonction des progrès réalisés.
Des résultats plus qu’encourageants
Baisse du stress, plus grande confiance en soit, amélioration du taux de glycémie, perte de poids, meilleure circulation sanguine, meilleure qualité de sommeil, regain d’énergie… À date, tous les participants à ce programme innovant, dont les âges varient entre 30 et 70 ans, ont pu être accompagnés avec succès, et ont pu retrouver une forme physique satisfaisante. La demande en est même venue à dépasser l’offre, et la municipalité de Vienne Condrieu a dû établir une liste d’attente.
Preuve de son efficacité, le dispositif Vienne en forme a été récemment labellisé Maison Sport Santé, une initiative conjointe du ministère des Sports et du ministère de la Santé, déployée à l’échelle nationale, regroupant des collectivités territoriales, des centres hospitaliers, des associations sportives, des établissements publics, des espaces digitalisés et des structures itinérantes, qui vise à faire du sport un moyen alternatif pour soigner, mais aussi pour prévenir l’apparition d’une pathologie. Ce programme, actuellement en développement, marque un tournant dans la façon dont on conçoit la réponse à apporter à une maladie.
Ancrer la pratique sportive sur la durée
A Vienne Condrieu, comme dans les villes qui ont mis en place le même type de dispositif, l’objectif est désormais de pouvoir ancrer la pratique sportive sur la durée, et pas seulement le temps, nécessairement assez court, d’une prescription médicale, tout en faisant en sorte que les patients puissent pratiquer de manière autonome, en toute sécurité et de façon bénéfique pour eux. Cela nécessite la mise en place d’un écosystème de suivi, ainsi qu’un réel effort de pédagogie.
L’objectif est également de pouvoir diversifier les traitements proposés. Demain, l’ostéoporose, l’arthrose, la dépression, l’anxiété, l’hypertension artérielle, la sclérose en plaques, mais aussi l’anticipation des accidents vasculaires, des infarctus, des troubles coronariens et des cancers, pourraient également faire l’objet d’une pratique sportive adaptée, tant il est vrai que l’activité physique a démontré son efficacité pour venir en aide aux patients.