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À Ballan-Miré, la transition énergétique passe par le terrain de pétanque

Ballan-Miré (Indre-et-Loire, 37), Centre-Val de Loire – “Le toit photovoltaïque est à 7,5 mètres de haut pour respecter le règlement de la Fédération Française de Pétanque.” Dans le complexe sportif de La Haye, entre terrains de foot et de beach-volley, une imposante structure de 36 mètres de côté attire le regard. Ce n’est pas un marché couvert ni un gymnase, mais bien un terrain de pétanque abrité par une ombrière photovoltaïque. À 7,5 mètres de hauteur donc, 760 panneaux solaires s’étendent sur 1 440 m², générant 330 MWh d’électricité par an.

“C’est ce que j’appelle un projet gagnant-gagnant… et gagnant !”, affirme Thierry Chailloux, maire de Ballan-Miré, commune de 8 500 habitants. Il détaille : “Gagnant pour les membres du club de pétanque, car ils peuvent jouer à l’abri de la pluie et de la chaleur. Gagnant pour l’environnement, avec 33 tonnes de CO₂ économisées par an. Et gagnant pour la collectivité, car nous avons monté un financement innovant sans alourdir le budget communal.”

Thierry Chailloux
Thierry Chailloux, maire de Ballan-Miré, commune située à 100 km au nord de Poitiers. Crédit : Jérémy Lempin.

Un modèle financier innovant et vertueux

Dans un contexte budgétaire tendu, Ballan-Miré a su innover. Plutôt que d’investir directement, la commune a fait appel à des partenaires privés, notamment le Crédit Agricole et la foncière TP. “Le modèle de tiers investisseur nous permet de bénéficier de l’équipement sans alourdir notre endettement. C’est un modèle qui pourrait inspirer d’autres collectivités”, souligne le maire. C’est la société Hervé Thermique, basée non loin à Joué-lès-Tours, qui s’est occupée de la construction de l’ombrière photovoltaïque.

onduleur photovoltaïque
L’électricité produite sur le toit par l’ombrière photovoltaïque est récupérée par ces onduleurs qui récupèrent le courant continu produit par les panneaux solaires en courant alternatif utilisable par le réseau électrique. Crédit : Jérémy Lempin.

Ce projet s’inscrit dans une approche plus large visant à réduire l’empreinte carbone de la commune. “Nous avons isolé plusieurs bâtiments publics et lancé une rénovation complète d’une école pour diminuer sa consommation énergétique”, précise l’édile.

vue aérienne drone
Vue aérienne, captée par un drone, de l’ombrière photovoltaïque. Crédit : Jérémy Lempin.

Des infrastructures adaptées à la transition énergétique

La sobriété énergétique est au cœur des priorités de Ballan-Miré Dans les gymnases, la température a été abaissée d’un degré et le chauffage coupé durant les vacances de Noël. “Pourquoi chauffer des bâtiments vides ?”, s’interroge le maire. Le terrain de foot est en gazon synthétique mias pas en plastique : ce sont des billes de liège qui sont utilisées. “Courir sur du pétrole, très peu pour nous. Notre pelouse est constituée de billes de liège”, explique Éric Jego, Conseiller municipal en charge des sports.

Un autre projet structurant est en cours : la création d’un réseau de chaleur alimenté par une chaudière biomasse. “Nous sommes en phase d’appel d’offres avec la métropole. L’idée est d’utiliser du bois issu de la région pour limiter l’impact environnemental”, explique-t-il.

éric jego
Éric Jego, Conseiller municipal en charge des sports, en pleine partie de pétanque. Crédit : Jérémy Lempin.

Mobilités douces, végétalisation, récupération d’eau : des solutions concrètes

Encourager les alternatives à la voiture individuelle est un autre axe stratégique. Un plan vélo de 500 000 euros sur cinq ans a été lancé pour créer de nouvelles pistes cyclables. “L’objectif est que les habitants puissent se déplacer sans voiture à l’intérieur de la commune”, précise le maire. Ballan-Miré bénéficie également d’un projet national de RER métropolitain. “Nous avons la chance d’avoir un réseau ferroviaire bien développé. Initialement, nous n’étions pas sélectionnés mais nous nous sommes battus pour faire partie de l’initiative et faisons maintenant partie des premiers prêts à démarrer”, se félicite Thierry Chailloux.

Face aux défis climatiques, la commune investit aussi dans la végétalisation des espaces publics. “Nous avons revégétalisé un parking et plusieurs cours d’école pour lutter contre les îlots de chaleur”, explique le maire.

Jardin partagé
Le jardin partagé du square Labrandonne. Crédit : mairie-ballan-mire.fr.

La gestion de l’eau est un autre levier important. Des récupérateurs d’eau de pluie ont été installés afin de réduire la consommation d’eau potable. “Chaque geste compte, et ces installations permettent de sensibiliser la population aux enjeux écologiques”, souligne l’édile.

Une approche pédagogique et participative

Pour que la transition écologique soit acceptée, la municipalité mise sur la concertation et l’exemplarité. “Nous associons systématiquement les habitants et les usagers aux décisions. Pour l’ombrière photovoltaïque, les joueurs de pétanque ont été impliqués dès le début.”

Le maire insiste également sur l’importance d’un discours positif. “Nous ne voulons pas imposer des contraintes, mais montrer que des solutions existent et qu’elles sont bénéfiques pour tous. L’écologie ne doit pas être vécue comme une contrainte, mais comme une opportunité.”

“Nous associons systématiquement les habitants et les usagers aux décisions.”

De nouveaux projets en perspective

Forte de cette dynamique, la commune ne compte pas s’arrêter là. Un projet d’ombrières photovoltaïques sur le parking du complexe sportif est à l’étude. “Nous voulons aussi profiter de ces travaux pour créer une piste de vitesse autour afin de répondre aux besoins l’association locale de roller course”, annonce le maire.

Ballan-Miré prouve qu’une commune de taille moyenne peut jouer un rôle clé dans la transition énergétique. Par des actions concrètes et une gestion intelligente, elle montre la voie d’une écologie pragmatique, où chaque initiative est pensée pour être durable, utile et économiquement viable.

Avec ces initiatives, la commune attire même l’attention d’autres collectivités. “Nous avons déjà reçu des élus intéressés par notre approche. Partager notre expérience est essentiel pour accélérer la transition écologique à l’échelle locale”, conclut Thierry Chailloux.

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