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Oiseaux dans les jardins : c’est l’hécatombe au printemps

L’Observatoire des oiseaux de jardin dresse le bilan de 10 ans de sciences citoyennes. Et constate un déclin de 41 % des espèces rencontrées dans les jardins au printemps en France.

Le 25/01/2023 par Florence Santrot
oiseau
Les oiseaux, ici un oiseau Bleu Tit, sont de moins en moins visibles dans les jardins en France. Crédit : Ondrej Prosicky / Shutterstock.
Les oiseaux, ici un oiseau Bleu Tit, sont de moins en moins visibles dans les jardins en France. Crédit : Ondrej Prosicky / Shutterstock.

C’est le plus important dispositif français de sciences participatives impliquant le grand public. Depuis 2012, l’Observatoire des oiseaux des jardins, géré par la LPO et l’équipe Vigie-nature (Muséum national d’Histoire naturelle et Office français de la biodiversité), invite les citoyennes et citoyens à participer à un suivi des populations d’oiseaux communs. Ces données sont ensuite comparées à celles réalisées par des experts. Selon le nouveau bilan, dévoilé ce 24 janvier 2023, « au cours des dix dernières années, les effectifs de 41 % des espèces rencontrées dans les jardins au printemps ont ainsi diminué ».

Fait surprenant de prime abord, si les chiffres sont en net recul au printemps, la tendance est inverse en hiver. Les différents comptages ont permis de constater une augmentation des populations depuis dix ans pendant les périodes froides. Mais on aurait tort de se réjouir : ces oiseaux, originaires des pays froids, ne s’embêtent plus à descendre plus au Sud. Ils établissent leur camp hivernal dans nos contrées, où les températures demeurent relativement douces depuis quelques années.

Des écosystèmes trop abîmés pour les oiseaux en France

L’Observatoire des oiseaux des jardins explique le recul de 41 % des espèces au printemps par la déstructuration globale des écosystèmes naturels, où la biodiversité est en souffrance. Ce sont en effet d’excellents indicateurs de l’état de santé des écosystèmes. « C’est le cas par exemple du Martinet noir (-46 % depuis 2013), victime de la disparition des insectes volants due aux pesticides, de la récurrence des épisodes caniculaires et des rénovations de bâtiments qui réduisent ses possibilités de nicher sous les toitures. »

L’avifaune française souffre donc globalement. Les façades des habitations, plus homogènes, se révèlent hostiles pour les volatiles. « Cela obstrue les cavités, où nidifient les oiseaux », précise Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Moins d’insectes aussi, en raison de l’agriculture intensive selon l’IPBES (la plateforme des Nations unies sur la biodiversité), signifie une nourriture raréfiée pour les oiseaux. C’est en effet la principale ressource alimentaire pour bon nombre d’espèces. L’artificialisation des sols est aussi pointé du doigt dans cette raréfaction des oiseaux des jardins.

Des oiseaux migrateurs qui voyagent moins loin

Pour aller dans le Sud quand on peut se contenter de passer l’hiver sous nos latitudes ? Là où les températures sont de moins en moins basses l’hiver ? L’Observatoire des oiseaux des jardins a ainsi enregistré une hausse de 57 % de la fauvette à tête noire en hiver depuis 2013. Idem pour le chardonneret élégant dont la présence a bondi de +83 % en dix ans.

Originaires de pays nordiques ou de l’Est, ils trouvent désormais refuge chez nous quand, avant, il leur fallait aller plus au Sud, souvent dans les pays d’Afrique. Aujourd’hui, les campagnes et leurs champs surexploités sont moins accueillants. Ces espèces privilégient donc les jardins de nos contrée. Là, où ils trouvent suffisamment de quoi se nourrir (que ce soit par la présence d’insectes ou grâce aux mangeoires). Mais l’Observatoire insiste : le chiffre le plus important et le plus marquant, c’est ce déclin de 41 % des populations françaises d’oiseaux en dix ans.

6,5 millions d’oiseaux comptabilisés depuis 2012

Concrètement, l’Observatoire pratique des comptages à des périodes clé. Depuis 2012, environ 6,5 millions d’oiseaux ont ainsi été comptabilisés pendant près de 115 000 heures d’observation. Par exemple, une vague est prévue ce week-end (28-29 janvier). L’opération de comptage, ouverte à tous, dure une heure. Il y a un an, en janvier 2022, le chiffre record de 24 048 contributeurs avait été atteint.

Comment ça se passe concrètement pour participer au comptage des oiseaux ?

  • Choisissez un jour d’observation, le samedi 28 ou le dimanche 29 janvier et un créneau d’une heure, idéalement en fin de matinée ou en début d’après-midi, lorsque les oiseaux sont les plus actifs ;
  • Trouvez un lieu d’observation, un jardin ou un balcon, en ville ou à la campagne. Un parc public peut tout à fait servir de lieu d’observation ;
  • Comptez et notez durant une heure tous les oiseaux qui visitent le jardin. Pour les reconnaître plus facilement, des fiches sont disponibles sur le site de l’Observatoire ainsi qu’une fiche d’aide pour le comptage ;
  • Transmettez les données sur le site de l’Observatoire des oiseaux des jardins : oiseauxdesjardins.fr.

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