Vinz Kanté, chronologie d'une métamorphose

“J’étais quelqu’un qui courait après la thune, le succès, la notoriété, le prestige… la dopamine ! Ma conception du monde, c’était qu’il fallait ‘percer’ : je voulais un public, des privilèges, beaucoup voyager.” Vinz Kanté, l’homme qui nous parle, n’est plus le même aujourd’hui. Car ce trentenaire belge a eu deux vies, l’une clinquante et matérialiste, l’autre dédiée au militantisme. Peu de gens peuvent se vanter d’avoir vécu une métamorphose aussi radicale : hier animateur radio star du divertissement, DJ et influenceur adepte de la surconsommation, aujourd’hui journaliste scientifique et lanceur d’alerte.

“J’ai du mal à me dire que j’ai fondamentalement changé, mais je me rends compte qu’il y a eu un bouleversement complet au niveau de mes idées, de ma conception du monde…” Si un fil relie les deux époques de sa vie, si dissemblables au quotidien, c’est peut-être ce besoin de faire entendre sa voix – et un talent certain pour capter l’attention de son auditoire. Mais d’un Vinz à l’autre, que s’est-il passé ?

Entre Belgique et Sénégal

Né d’un père sénégalais et d’une mère issue de la bourgeoisie belge, Vinz Kanté est un enfant du métissage et du dialogue des cultures. Il raconte pourtant l’ombre portée sur sa jeunesse par le désarroi de ce père qu’il ne peut alors déchiffrer. “Je suis né dans un contexte où je ne me sentais ni Blanc ni Noir. J’ai été élevé par ma mère blonde aux yeux bleus, comme n’importe quel enfant de la classe moyenne. Mais j’ai vécu un conflit générationnel très fort avec mon père, suivi d’une rupture net