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« L’entreprise de demain sera humaine, talentueuse et libérée »

TRIBUNE. Par Bernard Marie Chiquet, fondateur d’iGi Partners.

Le 15/11/2017 par WeDemain
Stephen Hawking et Elon Musk
Stephen Hawking et Elon Musk

C’est peut-être une spécificité de notre beau pays mais, lorsque l’on aborde le sujet de l’entreprise et de son avenir, on croit parfois parler de la fin du monde. Il faut dire que, partout où le sujet émerge, l’homme est systématiquement promis à un avenir sombre. Après l’avoir exploité au maximum, l’entreprise s’apprête à se passer de lui. L’avenir est synonyme de chômage, de disparition de tous les métiers peu qualifiés ou manuels.

L’entreprise se délocalise et se robotise, présageant d’un monde où l’homme est voué à se voir dépassé puis remplacé par l’intelligence artificielle. Ils sont nombreux ces « visionnaires » de mauvais augure qui nous prédisent une entreprise totalement déshumanisée où l’homme ne sera au mieux qu’un observateur d’un système qui lui aura totalement échappé.

Face à ce constat pour le moins déprimant, trois options s’offrent à nous. On panique, on hausse les épaules en se disant qu’il s’agit d’une fatalité, ou alors, et c’est mon opinion, on accorde peu de crédit à ces devins qui transposent leurs propres incompréhensions en certitudes un peu faciles. Car il faut avoir foi en notre capacité à évoluer, à nous adapter. Sans nous, l’entreprise n’est rien. Une simple abstraction, un objet sans but et sans « âme ». En tant qu’organisation, elle est conçue par et pour les humains. Elle est fondamentalement humaine. Sa raison d’être consiste toujours à répondre à une problématique propre à des femmes et des hommes.

Le monde change et c’est une bonne nouvelle !

S’il est juste que les fortes mutations traversées par nos sociétés et nos économies ces dernières décennies, l’accélération vertigineuse provoquée par la révolution digitale, peuvent être aussi anxiogènes, les raisons de s’enthousiasmer et de voir l’avenir avec confiance ne manquent pas. L’émergence de la téléphonie mobile et de l’internet n’ont-ils pas permis à des millions de personnes de sortir de leur isolement, de s’intégrer à des flux économiques et culturels dont ils étaient exclus jusque-là ?

Aussi est-il temps de sortir d’une vision datée de l’entreprise et du travail. Car le travail c’est non seulement la santé mais aussi notre nature profonde. Il ne s’agit pas simplement de produire ou de subvenir à ses besoins. Le travail est aussi un moyen d’exprimer un savoir-faire, une créativité et des ambitions. C’est un moyen pour chacun de s’affirmer et donc de s’épanouir.

Une réalité qui est aujourd’hui encore plus prégnante. Désormais, l’individu n’est plus, ou n’aspire plus à être un simple exécutant, condamné à répéter les mêmes gestes ou les mêmes opérations. Bien sûr, nous sommes encore dans une phase transitoire. La plupart d’entre nous restent encore circonscrits à des tâches associées à leur mission, à leur métier. Mais les choses évoluent avec l’apparition de professionnels multi-facettes qui se distinguent au travers d’une large palette de compétences, expertes et créatives. Ils sont à la fois « pointus » sur des sujets marketing, capables de créer des éléments graphiques ou encore de mettre en place une stratégie commerciale. Véritables « couteaux suisses » pour l’entreprise, ils sont aujourd’hui l’arbre qui cache la forêt, le sommet apparent de l’iceberg, d’un iceberg constitué de collaborateurs curieux, créatifs et qui ne demandent qu’une chose : que leurs talents soient identifiés et exploités par l’entreprise.

Les organisations doivent changer et s’adapter

Les entreprises doivent enfin faire entrer leurs organisations dans le 21ème siècle. Elles doivent abandonner un mode d’organisation hérité du Taylorisme et du travail à la chaîne, né dans les usines il y a un plus d’un siècle. Cette organisation classique, pyramidale et hiérarchique est obsolète. Le système, basé sur un pouvoir concentré entre les mains de quelques-uns, est figé. Il n’irrigue plus l’organisation pour la faire vivre et la développer. Encore engluée dans ce modèle, l’immense majorité des collaborateurs se perçoit toujours comme de simples exécutants. Peu ou pas de sens est mis derrière chacune de leurs actions. Les objectifs, la vision est le privilège du sommet de la pyramide. Dans ces conditions, rien de surprenant à ce que chacun se contente de faire ce qui lui est demandé. Pas plus. Peu de perspectives ou d’épanouissement à l’horizon. L’avenir des entreprises passe de façon évidente par la mise en place d’organisations adaptées aux enjeux business comme aux aspirations des collaborateurs. Pour y parvenir, l’idée est de bâtir un système qui accorde le même poids à chacun, capable de s’appuyer sur des collaborateurs vraiment acteurs, responsables et autonomes, car au fait de la stratégie de l’entreprise et du rôle qu’ils ont à y jouer. C’est justement ce que propose Holacracy en repensant intégralement l’organisation des entreprises. Tout sauf une nouvelle théorie managériale, Holacracy se construit sur des pratiques. Système évolutif, elle propose à chaque entreprise des outils mais surtout des solutions sur mesure, conçus pour ses seuls enjeux. En complète rupture avec le système pyramidal, Holacracy propose une organisation horizontale, guidée par sa raison d’être et non par son patron. Un patron qui a accepté, au préalable, de transférer ses pouvoirs au profit de tous. Désormais, chaque collaborateur assume ses rôles. Il est en mesure d’exprimer ses talents et de s’ouvrir de nouvelles perspectives.

L’entreprise libérée c’est possible !

Non seulement l’entreprise libérée est possible mais elle est souhaitable. J’ai d’ailleurs la conviction que grâce à Holacracy nous en prenons le chemin. C’est le cas lorsque j’observe certains changements en cours. Cela fait ainsi quelques années que fleurissent des professionnels d’un nouveau genre, fruits des mutations technologiques, des conjonctures économiques et d’aspirations nouvelles. Entrepreneurs d’un nouveau genre, slashers, ils partagent cette envie et cette contrainte de multiplier les emplois, les missions et d’exploiter un talent multiple. Certains y voient un danger, une forme de précarisation qui s’insinue. Soit mais il me parait plus juste d’y déceler un changement majeur de notre monde et de notre économie. Autonome et responsable de ses choix, le travailleur nouveau annonce l’émergence d’un nouveau monde. Celui d’une entreprise libérée, tournée vers sa raison d’être, se développant grâce à des collaborateurs "intéressés" à sa réussite, libres d’exprimer leurs idées et leurs talents. Holacracy se propose de vous y mener !
 

Bernard Marie Chiquet a fondé la société  iGi Partners en 2007 pour comprendre comment  avoir une structure organisationnelle simple, explicite, sans jeux politiques et de domination, qui s'adapte aussi vite que le changement lui-même et qui permette à l’être humain de libérer ses capacités.

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